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A Sciences Po, quatre étudiants suspendus saisissent le tribunal administratif

Dans les couloirs de Sciences Po, ils sont surnommés « les quatre bannis ». Ces étudiants à qui la direction a interdit d’entrer sur le campus depuis le 8 octobre ont saisi le tribunal administratif de Paris qui se penchera sur leur situation, en référé, vendredi 25 octobre.
Le juge, saisi une première fois dans le cadre d’un référé-liberté, avait écarté la condition d’« extrême urgence », le 12 octobre, conduisant l’avocate des étudiants, Me Damia Taharraoui, à déposer un référé-suspension, qui fait figure de dernière chance pour qu’ils puissent réintégrer l’établissement dans les plus brefs délais.
Les raisons de cette expulsion remontent au 27 septembre, à l’occasion d’un « forum carrières » organisé sur le campus, événement annuel où des dizaines d’entreprises tiennent des stands afin d’informer les étudiants des opportunités professionnelles qu’elles peuvent leur offrir. Selon le témoignage du directeur de la vie étudiante, Pierre Catalan, les quatre jeunes incriminés ont participé à la dégradation de kakémonos sur les stands de BNP-Paribas, Dassault, Carrefour et L’Oréal, ont crié des slogans critiquant l’école et ces entreprises, accusées d’être « complices du génocide en cours à Gaza », tout en filmant cette action.
Dans un message électronique envoyé le 7 octobre au soir, le directeur de Sciences Po a annoncé à ces quatre étudiants qu’il saisissait contre eux une section disciplinaire et que, dans l’attente de ses recommandations, il leur interdisait d’accéder au campus et à la bibliothèque. Leurs actions « constituent une atteinte importante au bon ordre et à la sûreté de l’établissement ainsi qu’au respect des personnes », avait justifié Luis Vassy, tout juste en poste depuis le 1er octobre.
Lors de la première audience au tribunal administratif, le 12 octobre, le secrétaire général de l’établissement et les avocats de l’école avaient souligné les conséquences de cette action sur l’attractivité de Sciences Po et sur la pérennité de ses financements par des partenaires privés – parmi lesquels on retrouve L’Oréal, Carrefour et BNP-Paribas. « Pour que la menace de retirer leurs fonds ne soit pas effective, il fallait que le directeur fasse une démonstration de force, il a donc sacrifié des étudiants », analyse Violette (les étudiants incriminés n’ont pas souhaité dévoiler leur identité), qui fait partie des « bannis ».
La jeune femme, en 2e année, n’a découvert le message de Luis Vassy que le 8 octobre au matin, lors d’un intercours. « J’étais totalement sonnée, je ne comprenais rien et je me suis mise à pleurer. J’ai mis plusieurs jours à intégrer ce qui était en train de se passer », relate-t-elle. Lors du « forum carrières », Violette, qui ne portait ni masque ni keffieh, reconnaît avoir filmé l’action menée par le comité Palestine. « Pierre Catalan est venu me trouver pour me dire que c’était illégal de filmer. Mais ce qui est illégal, ce n’est pas de filmer, c’est de publier une vidéo sans le consentement des personnes. Même les représentants des entreprises filmaient », poursuit-elle.
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